Déjà à l’âge de 9 ans les filles de Kabamba une localité située
à près de 60 km de la ville de Bukavu n’ont pas le temps de profiter de leur
enfance. Très tôt le matin alors que les enfants de leur âge sont encore au
lit, elles doivent aller chercher de l’eau a des centaines de mètres de leur
domicile.
Apres avoir ramené
de l’eau à la maison, elles doivent prendre soin de leurs petits frères.
Byanjira âgée de seulement 9 ans a déjà son jeune frère sur son dos alors qu’il
n’est que 7heure du matin. Sa maman qui doit partir au champ dès l’aube lui laissant
tout le programme de la journée. Elle devra aller creuser et cuisiner des
patates douces pour son frère ainé parti à l’école, ensuite s’occuper de son
jeune frère qui est déjà sur son dos et garder la maison pour éviter le vol.
Voila son agenda quotidien.
« Maman me dit que je suis devenu une femme à
part entière, je dois donc maintenant agir comme tel » explique t- elle
avec un regard rivé au sol.
La femme est bonne pour la cuisine ou le champ seulement
Aller à l’école
pour elle ? Elle ne peut même pas y penser. « Mes parents me disent que l’école c’est pour les garçons
seulement. Moi je dois rester à la cuisine ou au champ ainsi je serai une bonne
femme une fois au foyer. »
Aucun répit pour ces filles de campagne qui
n’ont pas le temps de profiter de ce temps d’insouciance qui est l’enfance. Alors
qu’à leur âge les enfants de la ville profitent pleinement de ce temps, elles
sont des nounous de leurs frères ou sœurs.
Les rares filles qui vont à l’école n’ont pas
le temps de réviser leurs leçons. Aussitôt à la maison, elles doivent aider
leurs parents soit dans des travaux champêtres soit dans travaux domestiques.
La tradition
africaine a longtemps montré que la femme ne doit pas faire des longues études
pour qu’elle soit toujours soumise à son mari. « Les femmes qui ont étudié ne respectent pas leurs maris» explique
le père de Byanjira qui passe ses journées à jouer aux jeux de société.
L’école est considérée
comme un milieu qui apprend aux filles à être insolentes envers leurs
maris. « Je ne veux pas que ma
fille ne respecte pas son mari plus tard pour que je sois mal vu dans ma société,
en plus je n’ai pas d’argent pour faire scolariser une fille qui passera la
majeur de son temps à la cuisine» dit- il avec ardeur.
Apres les cours je dois rattraper le temps que j’ai perdu
à l’école
Agnès a eu
la chance d’aller à l’école, mais chaque jour après les cours, elle doit aller
rejoindre sa mère au champ et s’occuper de sa sœur cadette. « Je n’ai pas le temps de lire mes notes parce
que je dois rattraper le temps que j’ai perdu à l’école.» Par conséquent
elle se contente de ce qu’elle a appris à l’école et va d’échec en échec. Elle
ajoute : « Mes points varient
entre 50 et 52 % parfois même 49%».
Dans certains
coins reculés de la RDC, l’éducation de la jeune fille est toujours négligée.
Pour certains, la fille est bonne seulement pour des travaux domestiques. Le cas de Byanjira est loin
d’être une exception mais elle n’a pas perdu espoir,
elle pense qu’elle pourra un jour aller à l’école, « Quand je serai grande je deviendrai institutrice ».
Par Feza Umande Alice