mardi 6 janvier 2015

Kitshanga, une maternité à haut risque de contagion


kitshanga, hôpital CBCA
Trois femmes et leurs bébés  sur un même lit  après l’accouchement, c’est la scène surprenante à laquelle j’assiste  dans le Centre de santé de référence du CBCA (Communauté Baptiste au Centre de l’Afrique) à Kitshanga. Entassées sur le même lit d’hôpital, ces femmes sont obligées de partager leur lit avec des inconnues, avec des risques de contagion.

Mwamini, une vingtaine révolue vient d’avoir un enfant. Elle et son bébé partagent un lit de 1 mètre de long avec une autre femme qui, elle a accouché des jumeaux.

‘’Je ne connaissais pas ces femmes avant de les retrouver sur ce lit d’hôpital.  Ma voisine saigne beaucoup ; il arrive que je sois en contact direct avec son  sang et comme je n’ai pas de force pour aller me laver les mains, je les essuie sur mon pagne. Je crains qu’on ne se transmette des maladies !’’ S’inquiète-t- elle à voix basse pour ne pas choquer la femme alitée à coté d’elle.

Les femmes enceintes en provenance de Bishusha, Kibarizo et autres villages voisins de la cité de Kitshanga, en Territoire de Masisi, au Nord Kivu, viennent accoucher dans le Centre de santé de référence du CBCA (Communauté Baptiste au Centre de l’Afrique) à Kitshanga.

 Aujourd’hui avec la gratuité des soins de santé primaire, le taux de natalité élevé et la pauvreté, certaines femmes de la localité de Kitshanga se retrouvent dans des situations difficiles après accouchement.

 ‘’En un mois,  le Centre de santé de référence du CBCA enregistre plus de 180 naissances soit une moyenne de six femmes par jour. ’’ Explique Bernard Kakule, médecin Directeur du Centre de santé de référence du CBCA. Un véritable record ! Mais le docteur minimise le risque de contagion et l’évalue à 1% par an.

Pourtant pour le docteur Cosmas Kajabika, médecin à l’hôpital général de référence de Goma, le risque de transmission des maladies est beaucoup élevé. ‘’ Les femmes étant très proches les unes des autres, elles peuvent se transmettre certaines maladies comme la tuberculose. Mais il faut savoir que dans ces conditions, si les règles d’hygiènes ne sont pas respectés à la rigueur, les nouveaux nés peuvent faire des diarrhées et contracter beaucoup d’autres maladies.’’

Il poursuit en conseillant que si la femme est en bonne santé, ça ne sert à rien de la garder à l’hôpital. ‘’Si  la femme ne présentent aucun signe de danger comme les hémorragies, il faut lui accorder une sortie même 12heures après l’accouchement.’’


Avec un seul pavillon pouvant contenir seulement 7 lits, Mwanini et les autres mères devront se contenter de s’y reposer avec des risques élevés de contagion.

                                                                                                 Par Feza Umande Alice