kitshanga, hôpital CBCA |
Trois femmes et leurs bébés sur un même lit après l’accouchement, c’est la scène surprenante
à laquelle j’assiste dans le Centre de santé de référence du CBCA (Communauté Baptiste
au Centre de l’Afrique) à Kitshanga. Entassées
sur le même lit d’hôpital, ces femmes sont obligées de partager leur lit avec
des inconnues, avec des risques de contagion.
Mwamini, une vingtaine révolue vient d’avoir
un enfant. Elle et son bébé partagent un lit de 1 mètre de long avec une autre
femme qui, elle a accouché des jumeaux.
‘’Je ne
connaissais pas ces femmes avant de les retrouver sur ce lit d’hôpital. Ma
voisine saigne beaucoup ; il arrive que je sois en contact direct avec son sang et comme je n’ai pas de force pour aller
me laver les mains, je les essuie sur mon pagne. Je crains qu’on ne se
transmette des maladies !’’ S’inquiète-t-
elle à voix basse pour ne pas choquer la femme alitée à coté d’elle.
Les femmes
enceintes en provenance de Bishusha, Kibarizo et autres villages voisins de la
cité de Kitshanga, en Territoire de Masisi, au Nord Kivu, viennent accoucher
dans le Centre de santé de référence du CBCA (Communauté Baptiste au Centre de
l’Afrique) à Kitshanga.
Aujourd’hui avec la gratuité des soins de santé
primaire, le taux de natalité élevé et la pauvreté, certaines femmes de la localité
de Kitshanga se retrouvent dans des situations difficiles après accouchement.
‘’En un mois, le Centre de santé de référence du CBCA enregistre plus de 180 naissances soit une moyenne de six femmes
par jour. ’’ Explique Bernard Kakule, médecin Directeur du Centre de santé de
référence du CBCA. Un véritable record !
Mais le docteur minimise le risque de contagion et l’évalue à 1% par an.
Pourtant pour le docteur Cosmas Kajabika, médecin à l’hôpital
général de référence de Goma, le risque de transmission des maladies est
beaucoup élevé. ‘’ Les femmes étant très
proches les unes des autres, elles peuvent se transmettre certaines maladies
comme la tuberculose. Mais il faut savoir que dans ces conditions, si les règles
d’hygiènes ne sont pas respectés à la rigueur, les nouveaux nés peuvent faire
des diarrhées et contracter beaucoup d’autres maladies.’’
Il poursuit en conseillant que si la femme est en bonne santé,
ça ne sert à rien de la garder à l’hôpital. ‘’Si la femme ne présentent aucun
signe de danger comme les hémorragies, il faut lui accorder une sortie même
12heures après l’accouchement.’’
Avec
un seul pavillon pouvant contenir seulement 7 lits, Mwanini et les autres mères
devront se contenter de s’y reposer avec des risques élevés de contagion.
Par Feza Umande Alice