une famille pygmée, ex Katanga, cc rdcnouvelles.com |
Mariage interethnique, activités de rapprochement, forum sur
la cohabitation pacifique, … des solutions ont déjà été proposées pour tenter
de résoudre le conflit qui oppose les Pygmées et Les Bantous dans l'ex province du Katanga (le haut- Katanga
et Tanganika) depuis plus de 5 ans. Ce conflit, que certaines autorités ont banalisé,
a pris de l’ampleur à la grande surprise de tous.
Pourtant depuis la nuit des temps ces deux communautés ont toujours vécu ensemble.
Mais après toutes ces années de guerres, l’heure est à la recherche des
solutions durables. Pour résoudre ce problème, des solutions ont été proposées
par plusieurs acteurs étatiques et non étatiques ainsi que par les protagonistes eux-mêmes. C’est notamment le
mariage interethnique.
Ah oui! Un mariage…Ça aurait été une idée de génie pour
mettre fin aux hostilités entre eux si seulement il n’y avait pas certaines
choses qui viennent noircir ce si beau tableau. En effet, certains éléments
creusent un trou entre ces 2 tribus.
Le mode de vie.
Depuis toujours
les Bantous et les Pygmées de cette
région ont toujours cohabité malgré leur différence. Les premiers sont des sédentaires
et les seconds sont des nomades. « Nous
sommes des cultivateurs. Nous sommes attachés à nos terres depuis des générations,
c’est difficile pour nos enfants d’épouser des pygmées parce qu’ils passent la
majeure partie de leur vie en forêt» explique Kyungu un cultivateur
quadragénaire qui emploi des pygmées dans son champs pour le sarclage.
A cause de leur mode de vie sédentaire, certains bantous
scolarisent leurs enfants contrairement à leurs frères Pygmées qui sont tout le
temps dans la forêt à la recherche du miel, des fruits ou du gibier. « Nous accueillons parfois des enfants pygmées
dans notre établissement mais généralement ils ne terminent pas leur année
scolaire. Ils déménagent assez souvent pour partir à la recherche du miel ou du
gibier» explique un chef d’établissement. Généralement on achève ses études
avec des grands rêves dans la tête. Alors un Bantous imagine mal sa fille vivre en forêt après
toutes ces années d’étude.
Une pygmée peut épouser un Bantous mais c’est souvent le contraire
qui pose problème. « Les Bantous épousent
nos sœurs mais après ils refusent que nous épousons les leurs »
explose Kalala un autre pygmée qui aspire au mariage avec une Bantoue. Et Kyungu
de répliquer : « une fille
pygmée peut survivre dans notre milieu mais une bantoue ne peut pas survivre en
forêt avec votre mode de vie. Vous n’avez pas de maison, pas d’hôpital… »,
il poursuit en disant «Après avoir peiné
pour payer les études de ma fille, je ne souhaiterais jamais la voir vivre en forêt ; je voudrais
qu’elle mette ses connaissances au profit de notre société. »
La dot, une bonne
excuse pour dire ‘’Non’’
La dot
occupe une place importante dans la tradition du mariage Bantous. Elle consiste
à apporter quelques biens à la famille de la jeune épouse. « Moi je ne refuse pas qu’un pygmée épouse ma
fille. Mais ce dernier voudra l’épouser sans verser la dot. Pour nous c’est
impossible » dit Gabriel un autre Bantous qui travaille dans le champ
voisin de Kyungu. Sachant que le prix de
la dot est exorbitant même pour certains Bantous. « Avec notre mode de vie, c’est difficile de trouver une telle somme.
Les Bantous exigent beaucoup de biens sachant qu’on ne peut pas les trouver.
C’est une manière polie de nous dire ‘’non’’» dit Kalala d’un air rêveur.
Mais dans tout ça,
qu’en pense la jeune Bantoue?
En souriant Mariam pense qu’il y a encore des progrès à
faire. « Ça sera difficile pour moi
de vivre en foret mais ça ne veut pas dire que je peux pas épouser un pygmée.
S’il étudie comme moi, a un travail décent, ça me tenterait bien de l’épouser. »
Avec le regard baissé elle continue en disant « les pygmées ne nous draguent pas. C’est comme si ils ont peur de se faire rejeter alors que peut être on
peut accepter de leur donner une chance.»
Pour palier à ce problème, certains pygmées commencent à se
sédentariser. Ils s’inscrivent dans des écoles et cultivent les champs. Mais
vaut-il vraiment la peine d’abandonner son mode de vie pour une quelconque
considération ?
Dans tous
les cas ; mode de vie, cout de vie élevé et le manque de confiance en soi,
certains diront que toutes ces choses ne sont pas un frein à l’amour qui
conduit la plupart du temps au mariage.
Par Feza Umande Alice