mardi 24 septembre 2013

UNE PASSERELLE A GOMA:POUR QUOI FAIRE?


Des enfants en train de jouer sur passerelle de Goma/RDC.
Le gouvernement provincial du Nord Kivu a investi plus de 77000 dollars Américains dans la construction d’une passerelle à Goma. Des piétons sensés l’utiliser  s’interrogent sur sa pertinence.

La place de la révolution comme le gouverneur de la province l’a appelée lors de son inauguration le 27 avril 2013, ce pont a été construit au rond point Institut de Goma, un des endroits les plus fréquentés de la ville et où l’on observe beaucoup d’embouteillages.

Etant de Goma, je n’avais vu des passerelles qu’à la télévision, dans des grandes villes des pays développés mais jamais dans une ville comme la nôtre.

Construire un tel pont  pour quelles fins ? C’est la question que je continue à me poser. Beaucoup de problèmes accablent notre petite ville : absence quasi-totale de l’ eau, de l’électricité, de routes asphaltées et de sécurité, ainsi que le non payement des fonctionnaires de l’Etat,....Mais au delà de toutes ces galères, le gouvernement juge important d’utiliser plus de 77000 dollars américains pour construire un pont.

 Avant même de me poser des questions sur les performances des travaux de cette passerelle, je me demandais d’abord si réellement sa construction était opportune. Apres tout, qu’est ce qu’on n’aura pas vu dans cette ville où tout est permis ?

Si c’est pour limiter les embouteillages et faciliter la circulation, ce canal a failli à sa mission. Les embouteillages sont toujours présentes  à certaines heures de la journée et rares sont les piétons qui l’utilisent pour traverser la route.

Diverses raisons sont avancées par certaines personnes pour ne pas l’utiliser. « Je ne peux pas monter sur ce pont  pour traverser la route parce que mon infirmité ne me le permettra  pas » se plaint une femme handicapée. Même ceux qui ne souffrent d’aucun handicap s’entassent devant le policier de roulage pour qu’il les fasse traverser. « Monter sur la passerelle et redescendre c’est fatiguant, je préfère attendre un moment pour que je trouve l’occasion de me frayer un chemin entre les voitures » explique un étudiant qui doit chaque jour traverser la route pour se rendre à son université située à quelques mètres de la passerelle.
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Policier de roulage, conducteurs de motos taxi et chauffeurs de voitures ne cessent de se plaindre en voyant des gens s’attrouper sur la route négligeant radicalement d’utiliser le pont.
«Les piétons digèrent mal le fait que je leur demande d’emprunter la passerelle  qui a été construite pour leur faciliter le passage et limiter au maximum les embouteillages.» explique un policier de roulage occupé à  faire traverser un groupe de passant devant lui.

Pourtant dans son discours lors de l’inauguration de ce pont, le gouverneur a affirmé:« L’ouvrage que nous inaugurons ce jour est l’expression de la volonté du gouvernement provincial à garantir la sécurité à tous et à faciliter la circulation des personnes et de leurs biens »

Place de la révolution de Goma/RDC.
La ‘’Place de la révolution’’est devenue pour les enfants un bon endroit pour s’amuser.  Ils sont nombreux ceux qui viennent jouer sur les tuyaux qui forment les garde-fous de la passerelle sans tenir compte de tous les dangers qui les guettent.
Si tout le monde s’en méfie, ces enfants eux en sont contents.

Construire une passerelle à Goma c’est une bonne chose, mais après? A-t-on étudié les besoins réels de la population de Goma avant de décider de la construire?

La citation de Mahatma Gandhi « Celui qui fait une chose pour moi mais sans moi, le fait contre moi » se fait remarquer à Goma. La population semble ignorer la passerelle qui a pourtant été construite pour elle.
                                                                  


                                                                                      Par FEZA UMANDE Alice.

mardi 10 septembre 2013

LA MUSIQUE DANS UN BUS:UNE DETENTE OU UN CASSE TETE

Un bus de transport en commun à goma
A Goma, les taxis bus jouent de la musique pour attirer et détendre leurs clients. La diversité des goûts crée des tensions entre ceux-ci et laisse le chauffeur dans l’embarras.  Coup de projeteur sur cette réalité dans ce blog post.

Il est 7 heures du matin. Un groupe hétérogène des personnes attend un bus à l’arrêt 3 paillotes, dans le quartier Katindo. Le receveur indique sa direction : Rond point BDEGL. Etudiants, commerçants, salariés, tout âge et profession confondus, se précipitent pour avoir une ‘’bonne place’’. Décore planté, le chauffeur démarre et… c’est parti.

Pour détendre ses passagers pendant la course, le chauffeur dispose d’un flash disc avec une collection non négligeable des musiques. Certains vont jusqu'à ajouter des baffles externes en dessous du dernier siège arrière, question d’amplifier la vibration.

A l’entrée des clients, le chauffeur, souvent jeune, joue une musique de son choix. Le volume élevé donne l’impression d’être dans un dancing club une nuit de fête. R&B, Rumba Congolaise dernière génération et le reggaeton de l’Afrique de l’Est font la loi.

« J’aime entrer dans un bus où on joue des chansons de La fouine c’est pourquoi je m’assois souvent à coté du chauffeur pour lui demander de m’en jouer jusqu’ à ce que j’arrive à destination »explique un jeune assis sur le siege avant à coté du chauffeur.

 « Les gouts et les couleurs ne discutent pas », dit un vieux dicton latin qui s’avère vrai dans ce cas. Le conflit de génération prend le dessus.
« Je suis souvent contraint d'entrer dans un bus où on joue des musiques en anglais avec un grand volume, je n’y comprends rien d’ailleurs je me demande si ces jeunes y comprennent aussi quelque chose  » se plaint un home d’environ 45 ans.

Coince entre les deux pressions, le chauffeur ne sait pas sur quel pied danser. D’autant plus qu’il a aussi ses propres gouts.
« Parfois je ne sais plus à quel saint me vouer quand chacun veut m’imposer ses goût musicaux en oubliant que j’ai les miens »dit un chauffeur de ses taxis bus.

Faire le Dj, conduire au même moment et parfois utiliser son téléphone peut avoir des conséquences catastrophiques. Distrait, le chauffeur risque de causer un accident de circulation.
« Il arrive que le chauffeur soit distrait par la sélection musicale ou par son telephone et nous conduise droit dans un mur »soupir une jeune fille qui est neutre quant  ce  à qui concerne la musique qu’on peut jouer dans un bus.

Est-ce important de jouer de la musique dans un bus de transport en commun si on n’est pas d’accord sur le choix d’une quelconque chanson ? Avec ou sans musique on arrive toujours à destination.





                                                                                          Par FEZA UMANDE Alice