lundi 8 septembre 2014

Cette poussière va nous tuer!

               
crédit photo: Charly Kasereka
A Goma quand on parle de poussière comprenez un véritable amas de poussière sans conquérant. Avec un soleil accablant, c’est la poussière qui fait la fête ! Les maladies comme la grippe qui n’étaient pas vraiment un cas à faire peur deviennent le lot quotidien des habitants de la ville.

Vous savez ce que ça fait de vivre dans une ville ‘’en pleine construction’’ ? Je parie que non. L’artère principale a subi de plein fouet les retombés de la ‘’révolution de la modernité’’. Cela fait maintenant plus de 3 ans depuis qu’elle a été détruite avec comme promesse : on va la réhabiliter très bientôt. Eh oui bientôt c’est même après 10 ans ! Jésus aussi n’avait-il pas dit qu’il revenait bientôt ? Oui bientôt vient de faire 3 ans maintenant !

Quand le gouvernement central a parlé de 5 chantiers, je ne m’attendais pas à une telle scène. Tantôt on entame un tronçon routier, avant même d’achever sa construction on entame un autre. Et au final, on se retrouve avec des routes inachevées un peu partout.

Qu’est-ce qui bloque? Quelque chose me dit que ces routes attendent les élections prévues pour 2016. Quelques mois avant le début de ses fameuses élections (si elles ont lieu), on verra des gens se bousculer à construire ces routes afin d’avoir des discours à tenir devant les électeurs. Ça sera des discours du genre : « Je vous ai construit des routes qui avaient été abandonnées il y a longtemps ». Avec des chances que les électeurs aient déjà oublié la poussière dans laquelle ils ont vécus.

Où sont passés les camions d’arrosages des routes?

Il  y a 3 ans, lorsque ce même gouvernement à démoli la petite route Au début le gouvernement provincial se donnait la peine d’arroser notre route devenue poussiéreuse avec un camion citerne. Puis petit à petit le camion a été changé par un autre qui n’arrosait qu’une partie de la route et enfin plus rien, aujourd’hui. Et Malgré les pluies de septembre, dès que le soleil brille il faudrait un miracle pour échapper à la poussière.

Que s’est-il réellement passé ? Ne me dites tout de même pas que le gouvernement est incapable  d’arroser la route en attendant qu’elle soit construite (si elle le sera un jour). Au début j’ai pensé que ces camions étaient tombés en panne et qu’ils allaient être  réparés au plus vite mais toujours rien.

Et certaines maladies se précipitent à nous attaquer… (Des maladies qui ne guérissent plus !)

La grippe par exemple, elle guérit mais une fois de plus en contact avec la poussière on la contracte de nouveau, elle est devenue chronique. Les  maladies oculaires ne sont pas en reste. Docteur Jason Pithuwa exhorte la population de porter des lunettes. « La poussière est irritante pour les yeux et cela peut faire à ce que la personne qui est en contact avec elle se frotte les yeux. Si il y a encore des grains de poussière, on peut observer des micros traumatismes au niveau oculaire et par la suite favoriser une infection au niveau de l’œil». Il conseille l’usage‘’ des lunettes de poussière’’.

Faut-il encore que la population redescende dans la rue pour exiger l’asphaltage de l’artère principale comme elle l’a fait lors de la pénurie de l’eau potable dans la ville ?
Faut-il attribuer cette situation à un problème de budget ou carrément au manque de volonté politique, voire de  vision peut être?

En attendant, si seulement l’on se donnait la peine d’arroser les tronçons non asphaltés les plus fréquentés ça soulagerait un temps soit peu des milliers d’âmes à Goma. Un peu d’eau pour arroser la route ne va tout de même pas sécher le lac, qui de plus est en bordure de la ville !


Entre nous, je pense que les habitants de Goma ont quand même droit à un minimum de droits : l’eau, l’électricité, et les routes bien construites. Mais même ce minimum de vie descente on en a pas !



                                                                                                    Par Feza Umande Alice

lundi 7 juillet 2014

Economiser le courant électrique pour suivre la coupe du monde chez vous!


Le message de la société nationale d’électricité (SNEL) a été clair. Sur nos petits écrans on voit un message défiler en bas de la télé : « pour suivre le match  sans perturbation nous vous demandons d’éviter de gaspiller le courant inutilement en éteignant les lampes non utilisées, éviter de brancher les appareils qui consomment beaucoup d’énergie, source : SNEL. »

Déjà qu’on voit du courant rarement dans nos maisons, je me demande si ce n’est pas le l’occasion de brancher nos appareils rouillés faute de courant électrique ou de repasser nos vêtements qui ne connaissent pas ce que c’est un fer à repasser ! Encore faut-il que ce courant vienne régulièrement.

Alors est-ce gaspiller ou profiter  grandement de la présence du courant électrique? 

On nous a toujours appris que le barrage d’Inga peut fournir l’électricité à l’Afrique entière, mais là encore ce n’était que des théories de cours de géographie.

Malgré que la SNEL nous demande ‘’d’économiser’’ du courant électrique, il y a toujours certains quartiers qui souffrent de délestages. Le quartier Mapendo, un des quartiers populaires de la ville n’est pas épargné. Ces habitants sont obligés de suivre le match sur des écrans géants dans des ronds points. C’est une initiative du gouverneur de la province en partenariat avec une maison de télécommunication de la place, au grand plaisir des certains entrepreneurs de Goma qui trouvent là une occasion de se faire de l’argent en vendant de la bière, de la viande et autre. D’autres  passent toute la soirée voire la nuit chez les voisins qui n’ont pas été délestés le jour de matchs.

S’il est possible d’économiser du courant électrique pour suivre un match dans plusieurs coins de la ville, n’est-il pas possible de faire autant pour éviter définitivement les délestages ?

                                                                                                              Par Feza Umande Alice



vendredi 23 mai 2014

Les jeunes filles rurales n’ont pas le temps de jouir de leur enfance



Déjà à l’âge de 9 ans les filles de Kabamba une localité située à près de 60 km de la ville de Bukavu n’ont pas le temps de profiter de leur enfance. Très tôt le matin alors que les enfants de leur âge sont encore au lit, elles doivent aller chercher de l’eau a des centaines de mètres de leur domicile.

Apres avoir ramené de l’eau à la maison, elles doivent prendre soin de leurs petits frères. Byanjira âgée de seulement 9 ans a déjà son jeune frère sur son dos alors qu’il n’est que 7heure du matin. Sa maman qui doit partir au champ dès l’aube lui laissant tout le programme de la journée. Elle devra aller creuser et cuisiner des patates douces pour son frère ainé parti à l’école, ensuite s’occuper de son jeune frère qui est déjà sur son dos et garder la maison pour éviter le vol. Voila son agenda quotidien.

« Maman me dit que je suis devenu une femme à part entière, je dois donc maintenant agir comme tel » explique t- elle avec un regard rivé au sol.

La femme est bonne pour la cuisine ou le champ seulement

Aller à l’école pour elle ? Elle ne peut même pas y penser. «  Mes parents me disent que l’école c’est pour les garçons seulement. Moi je dois rester à la cuisine ou au champ ainsi je serai une bonne femme une fois au foyer. »

 Aucun répit pour ces filles de campagne qui n’ont pas le temps de profiter de ce temps d’insouciance qui est l’enfance. Alors qu’à leur âge les enfants de la ville profitent pleinement de ce temps, elles sont des nounous de leurs frères ou sœurs.

 Les rares filles qui vont à l’école n’ont pas le temps de réviser leurs leçons. Aussitôt à la maison, elles doivent aider leurs parents soit dans des travaux champêtres soit dans travaux domestiques.

La tradition africaine a longtemps montré que la femme ne doit pas faire des longues études pour qu’elle soit toujours soumise à son mari. « Les femmes qui ont étudié ne respectent pas leurs maris» explique le père de Byanjira qui passe ses journées à jouer aux jeux de société.

L’école est considérée comme un milieu qui apprend aux filles à être insolentes envers leurs maris. «  Je ne veux pas que ma fille ne respecte pas son mari plus tard pour que je sois mal vu dans ma société, en plus je n’ai pas d’argent pour faire scolariser une fille qui passera la majeur de son temps à la cuisine» dit- il avec ardeur.

Apres les cours je dois rattraper le temps que j’ai perdu à l’école

Agnès a eu la chance d’aller à l’école, mais chaque jour après les cours, elle doit aller rejoindre sa mère au champ et s’occuper de sa sœur cadette. «  Je n’ai pas le temps de lire mes notes parce que je dois rattraper le temps que j’ai perdu à l’école.» Par conséquent elle se contente de ce qu’elle a appris à l’école et va d’échec en échec. Elle ajoute : « Mes points varient entre 50 et 52 % parfois même 49%».

Dans certains coins reculés de la RDC, l’éducation de la jeune fille est toujours négligée. Pour certains, la fille est bonne seulement pour des travaux domestiques. Le cas de Byanjira est loin d’être une exception mais elle n’a pas perdu espoir, elle pense qu’elle pourra un jour aller à l’école, « Quand je serai grande je deviendrai institutrice ».
                                                                                                             Par Feza Umande Alice

jeudi 24 avril 2014

NYUMBANINEWS: Une seule moto à quatre, c’est possible à Goma !

NYUMBANINEWS: Une seule moto à quatre, c’est possible à Goma !: 4 personnes sur un seule moto à Goma Un policier avec son arme, sa femme avec un sachet de haricots, le taximan de moto, et enfin l...

Une seule moto à quatre, c’est possible à Goma !



4 personnes sur un seule moto à Goma
Un policier avec son arme, sa femme avec un sachet de haricots, le taximan de moto, et enfin leur fils, c’est le nombre de passagers qui sont prêts à embarquer. Trop au-dessus de la moyenne pour un transport de ce genre ! Jusqu’aujourd’hui nous étions étonnés de voir 3 personnes sur une seule moto mais jamais 4. Cela dépasse même l’entendement de certaines personnes.

« Ce policier veut transformer cette moto en bus taxi de transport en commun ? »s’interroge un autre taximan de moto qui observe la scène avec moi. Je ne savais pas encore qu’il y avait assez de place sur une moto pouvant contenir jusqu’à 4 personnes.

La femme ayant entendu la question tente de répondre au motard avec sourire : « Nous n’avons pas assez de moyen pour prendre une moto chacun. Mais aussi on n’a pas assez de temps devant nous pour prendre un bus de transport en commun.»

Avec une route comme celle de Goma riche en nid de poule, j’ai une envie folle de les suivre pour voir comment ils vont s’en sortir. Eh oui ! Les nids de poule les attendent déjà. Le policier à l’arrière, avec la violence des soubresauts, serre très fort sa femme comme pour la protéger mais en réalité c’est pour s’accrocher afin de ne pas tomber. Un véritable cirque !

Normalement, ils n’allaient même pas faire 100 mètres sans que les roulages ne les arrêtent. Deux infractions sont  à la charge du taximan : d’abord le fait de transporter 4 personnes sur une seule moto mais aussi aucun d’entre eux ne porte de casque. D’ailleurs pour le cas d’espèce ici, qui va porter le casque?

Mais comment peuvent-ils arrêter un policier ? Le motard non plus n’a pas l’air de s’inquiéter. Ne bénéficie-t-il pas de l’immunité du policier ? 



 Par Feza Umande Alice










lundi 3 mars 2014

Goma: les journalistes considérés comme des préservatifs




Pacheco Kavundama entrain de réparer son soulier
« C’est facile pour un journaliste de se transformer en cordonnier après avoir fait un grand reportage avec des grandes autorités .Tout ceci parce que au Congo en général et a Goma en particulier un journaliste est considéré comme un "préservatif" » se plaint Pacheco Kavundama un journaliste de Goma.

Un préservatif ? Comment et pourquoi ça ?

Pacheco souriant même quand il est en difficulté n’hésite pas à expliquer : «  Les autorités ont toujours eu besoin de nous pour faire véhiculer leurs messages, elles nous appellent mais juste après l’interview elles commencent à nous regarder comme de la merde »

A l’instar d’un préservatif, après usage il devient répugnant. On n’a qu’une seule envie : l’enlever au plus vite et le jeter loin. Est-ce qu’un journaliste mérite un tel traitement ? La réponse est NON!

Alors où réside le problème ? Un journaliste ce n’est pas quelqu’un qui peut être considéré de cette manière ! 

A mon avis le problème est à notre niveau. A Goma les journalistes se sont fait un nom dans le sens négatif, ‘’les mendiants’’ ! 
 
Il suffit qu’une autorité organise une quelconque activité pour voir Presque tous les journalistes se précipiter à cet endroit. Quelle est leur mission principale ? Recevoir le transport qu’on va donner à chaque journaliste le coupage. Cette manie a pris de l’ampleur dans le chef de plusieurs ‘’professionnels’’ de médias en République Démocratique du Congo.  Et au bout d’un moment la personnalité du journaliste  en prend un sérieux coup.

Ces autorités que nous servons humblement continueront à nous considérer comme des préservatifs si nous ne prenons pas conscience de notre  mauvais comportement. Ainsi après avoir été cordonnier, nous deviendrons peut être des boulangers puis des couturiers et ainsi de suite.

Mes amis journalistes, crier nos problèmes à nos autorités ne résoudra rien au contraire cela nous discréditera davantage. Je crois qu’on devrait prendre conscience et arrêter de courir derrière les autorités. Cela nous permettra d’être non seulement impartiaux mais aussi nous aurons préservé notre dignité.
                                                                       

                                                                                                      Par Feza Umande Alice
  

samedi 15 février 2014

Pilleuse de ‘’Sombe’’, métier difficile mais passionnant !



Uwineza entrain de piler le ''sombe'' avec sourire
Le coin sud du marché de Kinindo à Bujumbura est réservé à la vente des feuilles de manioc, ‘’sombe’’ comme on l’appelle ici. C’est un légume prisé dans la région des Grands Lacs. Ce légume peut être vendu à l'état sauvage ou il peut être pilé par les vendeuses elles même. Ce travail nécessite un effort musculaire important. Mais le business a l’air de marcher par ici vu le nombre des femmes qui s’y adonnent.

Uwineza vient chaque matin dans ce marché avec ses ‘’sombe’’ qu’elle achète chez certaines personnes qui en plantent dans leurs clôtures. Ensuite elle les revend dans ce marché. Elle achète une botte à 200 francs burundais (Fbu) pour la revendre à 300 ou  à 400 francs. Et si par hasard elle trouve quelqu’un qui veut faire piler ses légumes alors elle demande 200 francs de plus. Seulement 200 francs pour un tel travail qui demande beaucoup de force. Je pense que ce n'est pas proportionnel à l'effort fourni.

Pendant un quart d’heure, elle donne de grands coups répétitifs avec son pilon. Pour tuer le temps, elle discute avec des clients ou avec ses camarades. Ensuite elle ajoute des poireaux et des poivrons. Le mouvement se poursuit ainsi un quart d’heure de plus, jusqu’à ce que tout soit bien broyé. Apres quoi elle empaquette la poudre verte humide ainsi obtenue et la remet au client. Puis sans même un bref moment de repos elle prend une autre botte et reprend le même travail.

‘’Ce n’est pas tous les jours dimanche’’ il y a des jours où elle parvient à gagner 1000 Fbu et d’autres 5000 Fbu et les autres elle rentre mains bredouilles. Mais avec l’aide de son mari, elle parvient à  élever ses 5 enfants. 

 Elle exerce ce métier avec passion et courage. Elle vente son indépendance. « Je n’ai pas de patron à qui rendre des comptes chaque soir ou à la fin de chaque mois », dit-elle, souriante. Mais elle reconnait aussi qu’elle ne peut pas rêver plus grand que ça  parce qu’elle n’a pas fait des longues études. « J’ai étudié jusqu’en troisième année primaire, je ne sais qu’écrire mon nom et faire des simples calculs. »

 Contrairement à la plupart de femmes vivant dans des situations similaires, Uwineza ne rêve pas de changer de travail. « Je prie seulement pour trouver beaucoup de clients mais je n’aimerai pas faire autre chose. »
                                                                           

                                                                                                     Par Feza Umande Alice